Sa seconde idée maîtresse est celle de la « guerre absolue » : la dialectique propre à la lutte militaire implique l’« ascension aux extrêmes » … Ses travaux portent principalement sur la théorie de l’art à l’âge classique et il a édité le. => Dans votre réponse, présentez le document 1 et évidemment Clausewitz afin de présenter sa définition de la « guerre réelle » (que vous pouvez opposer à la notion de « guerre … 1 Composé entre 1816 et 1830, l’ouvrage est édité de façon posthume entre 1832-1837 ; sa première traduction française date de 1886. Avant Carl von Clausewitz, la littérature militaire était essentiellement descriptive et utilitaire. 2, p. 142. En matière militaire, Kriegslist équivaut assez exactement au stratagème. Nous avons mis « artifice » pour « verschlagener Tätigkeit ». de l’allemand), Paris, Vrin, 1968, p. 135. De la guerre, ouvrage inachevé publié en 1832, un an après la mort de son auteur, marque une, rupture radicale dans la façon de concevoir le phénomène de la guerre. 29Et de même que la guerre est le domaine du hasard et de l’incertitude, la recherche de la théorie de la guerre est marquée par la difficulté dans un contexte sans cesse changeant.C’est pourquoi Clausewitz incite sans doute davantage chacun à mener sa propre réflexion qu’il ne suggère de solutions définitives. Clausewitz montre que la paix devient un objectif satisfaisant dans deux types de circonstances : lorsque le succès semble très improbable, ou lorsque son prix paraît trop élevé. On conçoit dès lors qu’accorder du temps à la facticité d’apparences trompeuses détache de la vérité du terrain ; l’artifice demande de produire du faux, lorsque le devoir de tous les instants est de demeurer dans le vrai. website builder. (VK, livre II, chap. La traduction de « List » par « stratagème » est acceptable en contexte hellénique, mais « Wesen » doit être rendu par « essence » plutôt que « nature ». La guerre se caractérise par sa fin et ses moyens. Selon Clausewitz, « la guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens » (livre I) : il estime que la guerre n’est qu’un moyen, parmi … Le savoir doit se faire pouvoir, la connaissance se faire volonté, afin de modifier les rapports de forces dans les engagements et leurs séries. 10, p. 283 : « List setzt eine versteckte Absicht voraus und steht also der geraden, schlichten, das ist unmittelbaren Handlungsweise entgegen. Naville traduit par « relatif à des actes » l’expression « mit Handlungen », qui désigne les opérations militaires. ». En pratique, celle-ci s’arrête lorsque le vainqueur est satisfait par ce qu’il a obtenu et qu’il est en mesure d’empêcher le vaincu de se réarmer. 15En second lieu, Clausewitz condamne la pure et simple gesticulation ou démonstration militaire, c’est-à-dire les mouvements de troupes et les dispositions de terrain préparant les engagements militaires, qui sont perceptibles de l’ennemi et par lesquels ce dernier pourra être trompé quant à la réalité des intentions stratégiques qui en ont médité la fin véritable. »). 8 C’est l’objet du chapitre X (intitulé « Die List », autrement dit « la ruse », « l’artifice ») du livre III (DG, p. 212-213), dont la leçon s’anticipe déjà au chapitre IX, consacré à la surprise. La lecture du livre de T. Derbent, « Giap et Clausewitz » [i], me donne l’occasion de présenter brièvement quelques-unes des idées du grand Carl sur ce qu’il appelle la « petite guerre ».L’auteur, dans son premier chapitre, résume en effet de manière synthétique et accessible la vision clausewitzienne de ce type de conflit. 18La résolution, seconde qualité du génie guerrier, appartient aussi à l’esprit, c’est un courage devant ses responsabilités, et non pas devant le feu et les dangers du champ de bataille. Dans le premier chapitre du livre Un de De la Guerre, Carl von Clausewitz analyse la guerre pour en élaborer une théorie unique, qui parviendrait à expliquer la diversité de ses formes.Dans la pensée de Clausewitz, la nature même de la guerre est de revêtir des formes changeantes, en raison de sa soumission à la politique et parce qu’elle procède de l’étonnante trinité. LAVEZZI, Élisabeth (dir.) Ainsi pour Clausewitz la guerre réelle, du moins entre peuples non barbares n'était jamais une "guerre absolue". En outre, les forces militaires sont nombreuses, difficiles à déplacer et à replacer, lentes à obéir parfaitement, et leur inertie leur interdit les mouvements de virevolte légers et sans conséquence. 3 DG, p. 145. Dans cette tendance portée vers les extrêmes dans l’usage de la violence se tient le principe de compréhension du sérieux de la guerre, qui se retrouve donc sur les théâtres plus fins de l’analyse stratégique, voire tactique. C'est ce que l'on observe, selon lui, des guerres jusqu'à la période révolutionnaire, à la fin du XVIIIe siècle. À la guerre, les apparences doivent démontrer la puissance et incarner la résolution du vouloir à abaisser le pouvoir adverse. Clausewitz nomme friction15 (Friktion) tout ce qui empêche les plans de devenir réalité militaire dans l’effectivité des combats : dans le danger constant, les efforts et les hasards, l’imprévisibilité des actions adverses, l’ignorance relative de l’état exact de ses propres forces, tout ce qui fait la guerre réelle et non pas celle qu’on lit dans les livres. Das ist der Grund, warum es bei den im Kriege ausgezeichneten Männern so leicht vorkommt, und alles dem natürlichen Talent zu geschrieben wird. En conséquence aucune représentation préalable de la conduite de la guerre ne saurait prétendre épuiser cognitivement son objet ni le soumettre définitivement aux règles et aux principes sous lesquels le chef militaire prétend l’emporter. Le savoir ne s’y applique pas afin de se convertir en action, de sorte que la conduite de la guerre n’est pas une technologie. Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque/établissement d’acquérir un ou plusieurs livres publié(s) sur OpenEdition Books.N'hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées :OpenEdition - Service Freemiumaccess@openedition.org22 rue John Maynard Keynes Bat. (doc. 16Comprenons qu’aux échecs, comme à la guerre, les pièges que l’on tend à l’adversaire contraignent de modifier, pour ce faire, la disposition de ses pièces, de sorte que l’on s’affaiblit stratégiquement pour un gain tactique incertain. Clausewitz paraît d’ailleurs tout d’abord, non pas le concéder, mais bien l’affirmer fermement : « À première vue, il semble que c’est avec raison que la stratégie a emprunté son nom au stratagème (von der List) […] ce terme est resté celui qui correspond à son essence (Wesen) la plus profonde23. Or de ce point de vue, les avantages des artifices et des pièges militaires qui sont susceptibles d’être tendus à l’adversaire apparaissent indéniables : dans l’intention stratégique d’emporter une suite d’engagements sur l’adversaire, la rivalité proprement spéculaire qui découle du fait que l’adversaire s’emploie semblablement à notre égard, semble ne pouvoir être déjouée à notre avantage que dans cette exacte mesure où notre volonté sait anticiper la volonté adverse sans en revanche se rendre pour elle prévisible. De la guerre, ouvrage inachevé publié en 1832, un an après la mort de son auteur, marque une rupture radicale dans la façon de concevoir le phénomène de la guerre. Auf den ersten Blick scheint es nicht mit Unrecht zu sein, dass die Strategie ihren Namen von der List bekommen. Toute activité militaire est constamment simple à programmer et à représenter a priori – il suffit de tourner le flanc gauche de l’adversaire, de passer la colline, etc. Cours élève : La dimension politique de la guerre, des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux. Ainsi, dans la conduite de la guerre, il faut impérieusement atteindre ses buts, qui concernent ce que peuvent les adversaires et qui rendent bonnes les décisions portées dans leur direction : le savoir s’ordonne donc au règne des fins et doit se subordonner aux rapports de pouvoir. Dans le domaine militaire. Clausewitz met en évidence trois objectifs généraux d’un conflit militaire. Clausewitz rompt avec les traités de son temps, souvent limités au champ de bataille, aux questions d’angle d’attaque et de formation, pour étudier la guerre comme un fait total, ce que résume sa célèbre maxime « la guerre n’est que la simple … 1, p. 168 : « Die Kriegskunst (im eigentlichen Sinne) wird also die Kunst sein, sich der gegebenen mittel im Kampf zu bedienen, und wir können sie nicht besser als mit dem Namen Kriegsfûhrung bezeichnen. C’est dans cette fusion des termes opposés que le génie guerrier trouve le principe de son talent. Clausewitz précise que plus la fin politique de la guerre est grandiose, plus le conflit sera purement militaire et se rapprochera de sa forme théorique ; en revanche, plus la tension est faible, et plus la guerre sera de nature politique. Ainsi pour Clausewitz la guerre réelle, du moins entre peuples non barbares n'était jamais une "guerre absolue". Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. dieser Name doch noch auf ihr eigentlichtes Wesen deute. Citation du 15.10.2014 - Guerre trop bête selon Camus Quand la guerre éclate, les gens disent, Ça ne durera pas, c'est trop bête. Lavezzi, Élisabeth, et Timothée Picard, ed. Texte allemand au programme de l’agrégation 2005-2006 Note d’I. La guerre leur ressemble car elle est une activité portant sur un objet qui vit et réagit (VK, p. 201). Par la friction, la guerre s’écarte de son concept et se disjoint du connaissable objectif qu’elle est a priori. Mais sa postérité ne provient pas vraiment de ses actes militaires, mais plutôt de son ouvrage De la Guerre, un essai de stratégie militaire qui a inspiré tous les grands dirigeants du monde occidental et … La volonté s’y tient comme dissociée de sa perfection, ce qui ne s’accorde pas avec les guerres modernes, qui sont les affaires les plus violentes et les plus sérieuses. 17Cette impossibilité d’un artifice qui ne ferait pas réellement ce qu’il prétend seulement paraître et qui se libérerait de l’inertie des forces dont il veut masquer l’usage, se conçoit encore mieux à la lumière des qualités qui sont requises du chef de guerre afin d’exceller dans son art, et dont l’unité forme ce talent artiste qu’est le génie. >> La dialectique du maître et de l’esclave de Hegel sur un post-it. 9 Au sens large, cet art comprend aussi recrutement, entraînement ou mobilisation (DG, p. 118). 33 Les trois actions réciproques sont présentées au tout début de l’ouvrage (ibid., Livre I, chap. La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles. Il faut tout de Nous nous référons à l’édition Clausewitz C., Vom Kriege, Bonn, F. Dümmlers Verlag, 1952, que nous abrégeons désormais en VK ; nous reprenons la traduction de D. Naville, De la guerre, Paris, Les Éditions de Minuit, 1955, que nous modifions parfois, et que nous abrégeons désormais en DG. Le chapitre X, qui est consacré aux ruses et artifices de guerre, fait suite à un chapitre sur la surprise (Überraschung) avec laquelle il présente, comme nous allons le préciser, quelques continuité et affinité. La résolution dit ce devoir de conformité de la volonté stratégique à sa propre perfection, qui rend possible l’atteinte des buts propres de la guerre, en mettant les moyens à la hauteur des enjeux. Les huit livres Vom Kriege (De la Guerre) écrits entre 1820 et 1831 par Carl von Clausewitz ont inspiré et continuent à inspirer les stratèges et ont influencé les doctrines militaires du monde entier au XXe et XXIe siècles (Foch, Lénine, Mao, le corps des Marines américain, Al-Qaida. (VK, livre II, chap. 6L’engagement, c’est l’emploi de la force armée dans le combat13, de sorte qu’à la guerre tout doit être rapporté au combat et à son impérieuse nécessité, afin de tenter de détruire par la force l’armée adverse. Corrigé TD1 : Clausewitz, un modèle pour penser et faire la guerre Penser la guerre, Clausewitz La leçon de Bonaparte fut perdue parce que Napoléon lui-même,à Sainte-Hélène,forgea sa légende et parce que deux hommes en méconnurent l'esprit,l'unpar une scolastique et l'autrepar une philosophie, Jomini et Clausewitz 1. Activité 5 (facultative)- La transformation de la guerre par Martin van Creveld CORRIGE. 6 Dans sa Préface, Clausewitz concède, pour ses recherches, une forme scientifique qui consiste « à explorer l’essence des phénomènes guerriers » (« das Wesen der kriegerischen Erscheinungen zu erforschen »), VK, p. 82. Si le hasard et la dimension subjective de la guerre sont comparables à ceux d’un jeu, elle est cependant un moyen sérieux au service d’une fin sérieuse : elle a toujours un motif politique. Thomas-Fogiel : Je n’avais pas prévu initialement de mettre en ligne ce cours, qui, à mes yeux, ne présente pas d’intérêt si ce n’est celui purement pédagogique de présentation d’un texte peu familier aux étudiants de philosophie. Cette ordination, qui est une relation simple de primauté constante du politique sur le militaire, n’est cependant rien de stable ni d’unitaire, car l’adversaire sur lequel viennent porter les calculs de moyens à fin, reste jusqu’au terme de la lutte un vouloir vivant et indépendant, imprévisible dans ses réactions et désireux de nous infliger la réciproque de ce que nous recherchons de lui imposer. 12 Ibid., p. 118 (trad. Un art sans artifice. Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. Cours sur De la Guerre de Clausewitz par I.Thomas-Fogiel. Cependant, ces réflexions abstraites ne correspondent pas à la réalité. La guerre est un moment où on sort du politique afin d’obtenir quelque chose. Clausewitz a démontré avec force la compénétration du politique et du militaire dans l’acte de guerre. « Mais ces deux choses faites, ajoute Clausewitz, la guerre – c’est-à-dire la tension et l’action ennemies des forces hostiles – n’est pas achevée si la volonté de l’ennemi n’est pas également jugulée, c’est-à-dire si son gouvernement et ses alliés ne sont pas contraints à signer la paix ou le peuple forcé à se soumettre » (De la guerre). 9En art, du savoir au pouvoir la conclusion n’est pas bonne. analyse comparative, les éléments qui nous permettent didentifier la nature de la guerre selon Hobbes et Clausewitz et de tenter dexpliquer à la lumière de leur théorie respective le processus de montée de la violence inhérent au phénomène guerrier. Ainsi toute espèce de légèreté et d’agilité consistant à se raviser après s’être disposé à l’engagement, à déplacer ses forces non afin qu’elles se portent à fond vers leur but mais pour les reprendre et réordonner après avoir trompé un adversaire, se voit nécessairement bannie des règles stratégiques efficaces : l’artifice contrevient au sérieux de la guerre, parce qu’il fait agir superficiellement et sans intention de poursuivre jusqu’au bout. (VK, livre II, chap. 2, p. 197-198 : « Das Wissen muss sich also durch vollkommene Assimilation mit dem eigenen Geist und Leben in ein wahres Können verwandeln. modifiée). Clausewitz laisse immédiatement tomber sans autre précaution le verdict : « Mais quel que soit notre penchant à voir les chefs de guerre se surpasser en artifice, en habileté et en ruse, il faut reconnaître que ces qualités se manifestent peu dans l’histoire25. De la guerre de Sept Ans aux guerres napoléoniennes Pour Clausewitz, la guerre est la « continuation de la politique par d'autres moyens ». Le premier trait préside aux décisions rapides et correctes qui doivent être prises en tenant compte d’une masse d’informations impossible à synthétiser, des doutes quant aux mouvements précis de l’adversaire, des incertitudes sur l’effectivité et les tendances actuelles des combats ; il s’agit, et davantage par une inspection de l’esprit que par une observation sensible, d’aller à l’essentiel et, saisissant la vérité de l’instant, de décider ce que la situation et l’âme changeante de la lutte réclament afin d’anticiper et de répondre à l’activité de la partie adverse, par là de tendre efficacement et constamment vers ses buts stratégiques propres. Mit einem Wort : es fehlt den Steinen im strategischen Schachbrett die Beweglichkeit, welche das Element der List und Verschlagenheit ist. Le coup d’œil28 permet de faire de l’instant décisif un kaïros très opportun où l’engagement des forces vient se glisser harmonieusement pour amplifier les effets de sa puissance. On est dans un continuum de la politique vers la guerre. authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. La guerre n'est rien d'autre qu'un duel à une plus vaste échelle. selon Clausewitz. 11 D’où cette définition inaugurale de la guerre comme « un acte de violence (Akt der Gewalt) destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » (DG, p. 51). Mais toujours limitée, retenue, par les fins politiques, et sa conduite soumise à celles-ci. Et en ce point Clausewitz affirme fondamentalement que ces apparences, pour être en effet trompeuses, sont, à la guerre, trop coûteuses à fabriquer. Il conclut qu’il est plus juste (passender2) d’employer la première expression que la seconde. Die Kriegskunst (im eigentlichen Sinne) wird also die Kunst sein, sich der gegebenen mittel im Kampf zu bedienen, und wir können sie nicht besser als mit dem Namen Kriegsfûhrung bezeichnen. Clausewitz, qui n’a pas moins médité sur la défaite finale de Napoléon que sur l’éclat de ses victoires impuissantes, devait donc tourner ses regards vers la Vendée, vers l’Espagne, vers la Russie. Voyons ces deux points. »), 23 Idem (trad. 10, p. 285 : « Mit einem Wort : es fehlt den Steinen im strategischen Schachbrett die Beweglichkeit, welche das Element der List und Verschlagenheit ist. Cet art ressemble davantage aux beaux-arts qu’aux arts mécaniques du fait que le pouvoir volontaire n’y est pas l’application d’un savoir théorique mais sa métamorphose : le connaître particulier dont la guerre est l’objet doit s’altérer en résolution du vouloir pour exercer sa détermination. Le stratège ne sera l’homme ni d’une méthode d’action, ni de principes intangibles que la matière vive de la guerre devrait passivement accueillir. Tu prépares des épreuves de dissertation ? Elle résulte d’une unité devenue de l’entendement qui sait et de la volonté qui peut : « Celle-ci ne jaillit que d’une démarche de l’entendement qui, rendant consciente la nécessité de l’audace, détermine la volonté29. >> La politique selon Max Weber sur un post-it. ». ». La réalité de la guerre n’est pas conforme à la théorie. En premier lieu, la guerre ne saurait consister en de simples paroles, par lesquelles une tromperie serait suscitée ; elle implique plus généralement un usage nécessaire de la force et ne saurait consister dans le déploiement de simples signes destinés à donner le change des forces signifiées et à les rendre présentes pour un adversaire. Comprenons que le savoir sur la guerre se distingue du savoir pour la guerre ; c’est ce dernier savoir, évolué en pouvoir, comme nous le verrons, qui constitue proprement un art, doté de ses règles générales, de ses principes d’application pratique, éventuellement ravivé par un génie qui saura en transgresser les rapports mécaniques d’obéissance. Ainsi à la guerre, la valeur essentielle est dans la réalisation, non dans la conception. La fabrication de l’apparaître affaiblit l’occupation de l’espace, elle affecte la puissance militaire elle-même et interdit de jouer la partie avec quelque coup d’avance. Create your website today. Ainsi, jusque sur le théâtre plus fin du champ de bataille, Clausewitz manifeste-t-il le souci de ménager deux ordres de déterminations : d’une part, la guerre reste dans son principe une activité théorique, elle a besoin de règles à appliquer et de connaissances sans lesquelles sa conduite est aveugle ; d’autre part, ces règles et ces principes de connaissance ne valent que dans la mesure exacte où ils permettent d’atteindre une fin intrinsèquement incertaine, et qu’il s’agit non pas de représenter mais de précipiter. Règles et principes, comme éléments d’une doctrine de guerre, sont les agents et les moyens d’un pouvoir plutôt que des anticipations véridiques. 19À la guerre, chaque coup doit donner tout ce qu’il peut, et la réussite dans l’atteinte des buts vers lesquels les moyens sont employés, est le seul critère du génie militaire. »), 24 Idem. – mais elle est tout aussi bien extraordinairement difficile à réaliser. 12Cette connotation morale ne semble toutefois point être un fait intentionnel chez Clausewitz, dans la mesure où lui importent essentiellement la réalisation et l’atteinte des buts pour lesquels sont mobilisés les moyens en cause. « Comme les deux adversaires, explique Clausewitz, ne sont plus de purs concepts mais des États et des gouvernements individuels, la guerre n’est plus un déroulement idéal de l’action mais une action qui suit son propre déroulement. 1, § 3-5, p. 52-54). À la guerre, on ne masque pas sa volonté mais on doit plutôt la démontrer sans cesse. Activité 6- Al-Qaïda et DAECH, frères ennemis. TD1 : Clausewitz, un modèle pour penser et faire la guerre. Document 1 : La guerre selon Clausewitz « La guerre n’est qu’un duel sur une grande éhelle [...]. C’est alors à la réalité présente de fournir les données qui permettront d’estimer l’inconnu et de prévoir l’avenir » (De la guerre). Il faut donc savoir persévérer et s’opiniâtrer dans une direction d’action qui en devient de ce fait une direction droite. Elles concernent la montée vers les extrêmes et l’illimitation : dans la manifestation de la violence, le désarmement de l’ennemi, la répression de la force de sa volonté. Schon das allgemeine Bedürfnis zu überraschen, wovon wir im vorigen Kapitel gesprochen haben, weist darauf in ; denne jedem Überraschen liegt ein wenn auch noch so geriger Grad von List zum Grunde ». Voilà la raison pour laquelle tout semble si facile aux hommes qui excellent à la guerre et pourquoi on attribue leur art au talent naturel17. On observera ici, d’une part, que cette conformité à l’égard d’un idéal de soi métamorphose et prolonge transitivement la conformité de l’entendement aux fluctuations et aux vicissitudes du théâtre, et l’on pourra parler d’une vérité du vouloir, à laquelle s’opposera derechef la fausseté de l’artifice ; d’autre part, les conséquences pratiques de cette résolution du vouloir, qui sont reconduites à l’expression d’un maximum de puissance et de profondeur d’action, ressemblent dans le détail de leur ordre stratégique et tactique à ce que Clausewitz énonce au début de son ouvrage des tendances internes à la guerre considérée en général et dans son essence, lesquelles la porte vers un déploiement extrême des forces et vers l’illimitation de la manifestation de la violence32. Nous procéderions donc du simple au composé, sachant que seul le point de vue du tout nous livrera le sens. Il révèle donc une adéquation maintenue du pouvoir de juger à la fluctuation et aux vicissitudes de la lutte, et en cela il maintient un rapport de vérité à son égard. 11Dans cet art, la place de ce que Clausewitz nomme die List20 (ruse, artifice) se trouve ménagée au livre III, consacré précisément à la stratégie, laquelle établit le plan de guerre et y subordonne la série éventuelle des actions propres à conduire vers sa perfection21. Pour autant, l’issue et le règlement ne sont pas toujours parfaits, car la conclusion de la paix ne parvient pas forcément à éteindre les dernières braises ardentes de l’hostilité. 10Nous aurons à revenir sur cette réapparition18 du génie guerrier ; concluons seulement à présent sur l’art de la guerre : le bien-fondé de cette appellation résulte de ce que la guerre ne saurait être un objet de considérations purement théoriques, qui en manqueraient l’essentielle effectivité ; pour bien faire, les règles, en tant qu’anticipations normatives de l’agir, ne peuvent qu’être transgressées, le talent de ces transgressions se nommant ainsi le génie ; parvenir à ses fins impose de métamorphoser le savoir en pouvoir, autrement dit de convertir quelque supposée supériorité doctrinale en surcroît d’intensité volontaire par laquelle l’issue des engagements tourne en sa faveur. (Idem : « Aber so sehr man gewissermassen das Bedürfnis fühlt, die Handelnden im Kriege an verschlagener Tätigkeit, Gewandheit und List sich einanderüberbieten zu sehen, so muss man doch gestehen dass diese Eigenschaften sich in der Geschichte wenig zeigen. Ils valent non comme ce qui sait avoir raison sur le terrain mais comme ce qui augmente une puissance d’agir et détermine à son avantage le rapport conflictuel des forces. Ce sont ces deux facteurs qui doivent guider chaque belligérant dans l’optimisation de ses forces militaires : influer, avant même de combattre, sur le calcul de probabilités de l’adversaire (par exemple, en s’adjoignant des alliés et en cassant les alliances adverses) ; se concentrer sur les objectifs qui lui coûteront le plus ; infliger un dommage considérable à ses territoires ; ou encore, l’user par le combat. Le désir très général de surprendre, dont nous avons parlé au précédent chapitre, permet déjà cette conclusion ; car toute surprise implique un certain degré de ruse, si faible soit-il24. Elle implique de s’engager entièrement, de toute sa volonté, dans les choix décisifs que le coup d’œil a permis, et de pousser à fond tout ce qui est commencé.
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